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le blog de l'écriture indépendante archives rss nov 21 2015 le smartphone sera-t’ il le salut de la lecture ? deux instituts anglo-saxons sortent une grande enquête sur nos modes de lectures en digital. quelques vérités et les tendances lourdes de demain du lectorat en angleterre en émergent. cela nous concerne. car on le sait bien, il n’y a qu’une trentaine de kilomètres entre la france et le royaume uni . source : digital census et rar (recommended agency register),octobre 2015 et oui, la lecture sur smartphone gagne du terrain et dépasse significativement les autres usages. 45 % des lecteurs outre manche déclarent l’utiliser largement laissant loin derrière les autres supports : ordinateurs et tablettes. pourquoi ? parce que la technologie du smartphone se réinvente tous les jours, plus maniable, plus ludique, et que la logique veut que l’on se munisse d’un seul support, le plus léger, le plus pratique. les ventes de livres digitaux continuent de croître mais plus lentement… 69 % des grands éditeurs anglo-saxons déclarent qu’environ 30 % de leurs ventes se font via le digital. et pour 20 % d’entre eux, elle représente plus de 41 % de leurs ventes. déception relative du côté des autoédités, 51 % d’entre eux ont vendu moins de 1 000 livres en tout (en intégrant l'ensemble de leurs oeuvres), et 12,5 % plus de 50 000 livres. chiffres réalistes, ou marché en mutation ? plus surprenant, près de la moitié des lecteurs pensent que la tendance smartphone est globalement porteuse et positive, et qu’elle permettra au marché de l’édition de créer de la valeur. 38 % la regrette car elle accompagne une mutation lourde de l’édition contraire à l’exigence éditoriale, et le reste la considère comme une catastrophe. le futur, on l’envisage. bien sûr on s’inquiète de l’émergence des grands géants : google, apple, amazon. et de la faible aptitude des circuits traditionnels libraires à investir et à inventer. et si 50 % des lecteurs anglo-saxons considèrent que les éditeurs ne sont pas préparés à négocier le virage du digital, il y a cependant des raisons de garder le moral. car 70 % d’entre eux considèrent que le digital va faire croître le taux de lecture mais aussi le nombre de lecteurs. 50 % d’entre eux déclarent officiellement déjà lire plus. source : digital census, rar, the bookseller oct 01 2015 michel serres, droits d’auteurs et gratuité. « nous sommes les paysans des paysages de la culture », décrète michel serres, historien, homme de lettres et académicien. son intervention sur france info se remarque et son plaidoyer brillant. qui fait la culture ? ce sont les auteurs. les auteurs sont des individualités qui produisent des œuvres solitaires. ce sont elles qui font l’air du temps. chaque jour, ils prennent des risques pour dessiner ces paysages. au même titre qu’un auteur offrirait son travail à tous sans rémunération, un paysan devrait donner les fruits de sa culture gratuitement. absurde. ce débat soulevé par un projet du parlement européen destiné à étendre les droits d’exception des droits d’auteurs, fait rage, perturbé par les principes de gratuité qu’impose le net aujourd’hui. michel serres poursuit : le paysage culturel sera bientôt un sahara si on ne laisse pas les auteurs fonder la culture. pour preuve, le cinéma hollywood, usines à produire sans auteurs, pensé par les financiers. coexiste un cinéma qui vit difficilement en parallèle, qu’on appelle justement le cinéma d’auteurs, comme si le cinéma n’avait pas besoin d’auteurs ! plus fort, s’il n’y a pas de droits d’auteurs, pourquoi y aurait il des brevets scientifiques, pourquoi y aurait il des droits pour les publicitaires ? place à la piraterie universelle… mais attention, van gogh n’a vendu qu’un seul tableau avant sa mort. droit d’auteurs ou pas, il n’en a pas vécu, et cela ne l’a certainement pas aidé à accomplir son œuvre. le net change la donne, car si le modèle se fonde sur une gratuité d’accès, il est aussi un formidable outil de promotion pour tous les artistes : littérature, livres et musique en particulier, qui n’auraient jamais eu autrement accès à aucun public. alors, aujourd’hui, montrer gratuitement ce que l’on fait dans l’immense vitrine d’internet, c’est peut être le moyen le plus direct de se faire repérer et à fortiori d’exiger rapidement des droits d’auteurs. jui 24 2015 kindle direct publishing, kdp pour les intimes lance : “paie ce que tu dois, advienne que pourra !” en fanfare et trompettes, amazon annonce que les auteurs auto édités seraient désormais rémunérés à la page lue sur kdp unlimited (encore indisponible en france) et les prêts (koll). jusqu’à maintenant, c’était au téléchargement que cela se déroulait et le cliquetis de la caisse ne se déclenchait que si les livres étaient lus à plus de 10 %. un procédé qui incontestablement servait les livres les plus courts. fait apparemment anodin, cela ne concerne que les livres autoédités. et c’est là ou l’on se perd en conjecture. si amazon le propose, c’est qu’ils ont les statistiques d’avancement de lecture en terme de pagination. mais là une question se pose. les livres auto-édité sont ils plus lus ou moins lus en terme de page que les livres édités ? dans l’ancien système, les lecteurs n’arrivaient ils que rarement jusqu’au 10 % fatal qui déclenchait la facturation ? aujourd’hui, s’ils lisent 4 pages, ce sera facturé quoiqu’il en soit. ah marketing quand tu nous tiens, on peut tout te faire dire… je ne veux pas rentrer dans les débats, comme quoi les outils formatent la création. quelque- soit la qualité de leurs livres, les auteurs gagnent si peu, et prennent tant de plaisir (ou de souffrances) à écrire, qu’il y a peu de chance que cela influe sur la nature de leurs écrits. si c’est le cas, c’est intéressant , cela relèvera de la performance. eh quoi, le lecteur n’est pas un bourrin non plus, il ne cherche pas le rebondissement à chaque page, le passage sexy toutes les 20 pages, et le cadavre tous les deux chapitres. si c’est le cas, ce n’est pas un vrai lecteur, et il y a plus fort, pour les sensations : peep show, montagnes russes, avion acrobatique, et bientôt voyage spatial… faites confiance au lecteur, qui aime l’emphase, la nuance, une certaine complexité, au lecteur patient qui sait qu’un grand livre se savoure, mais qu’il se mérite aussi. que tous ceux qui ont fermé un volume de proust (pas les intellectuels) se rappellent de la satisfaction, de l’apaisement et de la plénitude du devoir et du plaisir accompli. de la nécessité de respirer quelques jours jusqu’à la prochaine invitation, tant le parfum d’un bon livre est entêtant. néanmoins je n’aime pas ce paiement à la page, définitivement. comme consommateur culturel tout simplement. réfléchissons, j’achète la “joconde” pour 1000 euros, car je n’y jette qu’un coup d’oeil par an; discountez-moi cet opéra svp, je n’aime pas les récitatifs; cette pièce de théâtre, je suis sorti à l’entracte, remboursez moi 50 % de ce spectacle ! j’ai lu douze page de ce proust, je vous dois 6 centimes ! l’acte d’achat culturel est certes un acte économique mais c’est aussi un acte de soutien. on ne trie pas après avoir acheté, on ne rend pas la moitié d’une marchandise entamée. vous faites vous rembourser la moitié d’un yaourt qui ne vous plaît pas ? jui 14 2015 pourquoi l’auto-édition dérange il faut rester serein et trouver des plaisirs simples de lecture et d'écriture, quelle qu’en soit la source. et c’est ce que nous propose les nouveaux mode d’écriture et les nouveaux mode de lecture. ce qui est vraiment nouveau avec l'auto-edition, c'est l'exposition possible de tous les écrits . gage de qualité ? bien sûr que non, mais pas gage de “non qualité” non plus. cet accès soudain à de nombreux écrits, personne ne peut lutter contre : ni les maisons d'édition institutionnelles ni les journalistes référents. alors bien évidemment une partie du contrôle leur échappe. et ça agace. le monopole de la”distribution des prix et du label qualité” tombe. pis, il tombe dans les mains de tous